Quantcast
Channel: PixAgain » Martin Freeman
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2

Critique : Le Hobbit : Un Voyage Inattendu (Peter Jackson)

$
0
0

Il était attendu, et le voilà enfin, ce film qui porte le lourd fardeau qu’est celui de relancer une franchise aujourd’hui, avec l’honnêteté d’un réalisateur qui n’y voit que la chance de retourner en Terre du Milieu et d’y vivre une nouvelle aventure. Le Hobbit : un Voyage Inattendu a lui aussi connu sa petite épopée avant d’atteindre le grand écran. Durant deux années, ce fut Guillermo del Toro qui travailla sur le projet, main dans la main avec Peter Jackson, jusqu’à ce que le premier ait à passer la main au second à grand regret. Si à cause de cela jamais l’on aura la chance de voir la Terre du Milieu sous l’œil du réalisateur mexicain, le retour de Peter Jackson ne pouvait pas être vu comme un mal. Car le néo-zélandais, connu pour son amour de ses terres est bien l’un des mieux placés pour assurer la réussite du diptyque devenu trilogie.
Le Hobbit : un Voyage Inattendu est-il alors un réussite, ou sombre-t-il dans les mêmes défauts que Prometheus, à vouloir trop s’accrocher à une précédente saga ? La réponse est sans appel, l’épopée héroïque du petit Bilbo se lance sans encombre avec la même force dans laquelle la Communauté de l’Anneau avait su nous porter dans son élan homérique lorsqu’il était question de sauver tout un monde.
- Détails sur le HFR en fin d’article - 

Bilbo, parfait hobbit, petit homme de la Comté, est le seul parmi ses confrères à nourrir sa soif d’aventure. Alors lorsque Gandalf le Gris lui propose de le rejoindre, sa compagnie de nains et lui-même dans une longue quête, si la peur le prend un instant, il n’hésite pas plus longtemps à s’y engager.
Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien, roman destiné d’abord aux enfants, est loin de porter les mêmes considérations dramatiques que le Seigneur des Anneaux, il n’est jamais question dans celui-ci de la destruction d’un monde entier face à une menace omnisciente. Mais ce n’était pas sans compter le travail de Peter Jackson, en joie d’offrir à son public une trilogie aussi complète que la précédente, mélangeant avec habileté ses ombres et ses lumières. Ainsi, tout en ouvrant l’histoire même de Bilbo sur un passage qui pour les nostalgiques ne restera pas sans effet, il signe de tout nouveaux enjeux, autres facettes propres à l’héroïc fantasy. N’oubliant jamais que Bilbo le Hobbit est aussi l’histoire de toute une compagnie et non d’un seul hobbit, si on aurait pu avoir peur de la manière dont présageait le traitement des nains vecteurs de ce nouvel objectif, la manière dont il procède à leur introduction balaye cette peur d’un revers de la main. Et dès lors qu’il est question de nature de leur épopée, que le chant de Thorin Écu-de-Chêne retentit, l’effet est immédiat : la quête d’Erebor, de ces nains, de Bilbo et de Gandalf sera elle aussi grandiose.
Car c’est une cause tout aussi juste qui accompagne la Compagnie Écu-de-Chêne, celle du foyer, lieu sacré qui leur a été enlevé par le terrible dragon Smaug. Ce dragon, venu du ciel, attiré par l’avidité des nains, s’abat sur eux sans laisser la moindre âme qui vive, rasant village et royaume, tel une ombre s’étendant sur la majesté d’un peuple qui jusqu’alors se croyait intouchable.
Bien sûr, Peter Jackon fait de nouveau jouer son incroyable habilité à nous masquer les éléments clés de sa trame à venir, nous laissant juste ce qu’il faut pour nous amener à mettre en marche notre imagination. Ainsi Smaug est habilement caché, ne se montrant jamais lors de la grande attaque, pourtant première partie portante de son récit, où l’on n’y aperçoit qu’une queue ou une ombre.

Cette première partie, bien sûr rapidement suivie par les autres événements, nous rappelle à quel point Peter Jackson est maître de son univers, ne laissant jamais rien au hasard. Cette vision, éminemment destructrice appuie sur l’aspect tragique de la situation de ces nains, qui déjà blessés par la perte de leur royaume, se retrouvent en plus aux mains des autres créatures démoniaques, voyant leur nombre diminuer à vue d’œil.
Mais pourtant, Peter Jackson n’hésite pas à montrer ensuite la vraie nature des nains, car le véritable vecteur émotionnel chez le réalisateur néo-zélandais a toujours été le rire, même dans les situations les plus noires, et ce n’est pas parce que l’œuvre d’origine se le permet déjà que lui va s’en interdire. Les nains, même si leurs noms échapperont à tout néophytes, ne changent pas, ne s’adaptent pas, ils sont ce qu’ils sont et vivent leur quête à leur manière, ne changeant rien à leur idée de la vie, tout comme Sam Gamgi ne pouvait s’empêcher de penser à la nourriture. Et cette approche de la vie se voit constamment entrer en collision avec les événements et histoires secondaires accompagnant le récit, ceux-ci venant rajouter une nouvelle couche à un univers déjà bien riche.
Car même si Peter Jackson découpe Le Hobbit - roman finalement assez court - en trois épisodes, sa générosité bien connue lui permet de traiter chaque personnage et événement avec souvent plus d’attention que dans le livre lui-même, traduisant cette aspect épique de l’héroïc fantasy que lui seul sait mettre aussi bien en valeur. Nous lançant de nouveau dans de nouvelles envolés, suivant la Compagnie traversant les landes, Peter Jackson met aux images rêvées des lecteurs de parfaites illustrations et propose à ceux découvrant l’œuvre un univers fascinant. Fondcombe, la ville immortelle, revit de nouveau, les trolls ne déçoivent pas et les créatures proches de l’univers pensé par Guillermo Del Toro, dont la patte se fait sentir, prennent vie avec une force inouïe, notamment au cours d’une scène où l’univers seul semble se détruire sous la violence de l’orage et de la nature.
On excusera à Peter Jackson les plans déjà vus au cours de la quête de l’Anneau, qui plairont aux nostalgiques car peu nombreux et retranscrivant 10 avant, avec brio, le cheminement d’un groupe dans cet univers. Ainsi que son approche assez semblable de cette nouvelle mythologie de Tolkien, rapidement oubliée par la puissance de ce nouveau récit.

Mais ce n’est pas seulement par l’image que Le Hobbit : un Voyage Inattendu existe, même si Erebor permet à Peter Jackson de nous offrir des plans monstrueux, que la photographie est presque sans défauts - avis définitif à venir avec le 48 fps -, et que son montage imposent le respect, c’est aussi par la puissance de ses personnages que le récit s’envole. Si Thorin, incarné par Richard Armitage, est évidemment l’équivalent d’Aragorn dans cette nouvelle trilogie, ce dernier évolue avec bien d’autres considérations. Seul personnage véritablement déchu de l’histoire, beaucoup plus touché par les événements qui ont suivi la chute de son empire, le prince n’a plus d’autre choix pour sauver sa patrie et ses derniers amis que de reconquérir son trône. Face à lui, Peter Jackson installe un némésis : Azog, l’orc pâle. Ecu-de-Chêne doit ainsi se confronter à tous les fronts pour espérer achever son épopée.
C’est avec un grand plaisir que l’on découvre aussi Bilbo. Martin Freeman incarne le personnage avec excellence, véritable aventurier, curieux, n’arrivant pas à tenir en place et pourtant tiraillé par les choix qu’il fait en toute liberté. Car jamais le choix ne lui est imposé, à la grande différence de Frodon, il est celui qui allège le fardeau. Cependant, quand vient le temps de la confrontation entre Gollum et Bilbo, le personnage évolue de nouveau, se rendant compte du destin qui repose désormais sur ses épaules, comme si les paroles prophétiques de Gandalf étaient de nouveau la vérité même. Le personnage de Gollum évolue de nouveau, si les quelques reproches technologiques que l’on pouvait lui adresser il y 10 ans étaient déjà de l’ordre du ridicule, aujourd’hui elles se sont totalement envolés. Alors que la scène n’est qu’un jeu, le personnage affiche, par le travail toujours parfait d’Andy Serkis, des émotions marquantes.
Enfin, Howard Shore signe de nouveau un score d’une puissance incomparable. Renouant habilement avec son précédent travail, dont il parsème le récit, il compose de nouveau un thème principal nous plongeant la tête la première dans cette aventure.


Le HFR est véritablement une ouverture sur une nouvelle dimension du cinéma. Mais avant tout, sachez que l’expérience et le vécu de cette technologie déteignent d’une expérience fondamentalement personnelle. Attendons de la voir (nous l’espérons) se démocratiser avant d’en dicter les règles. Coté préparation, ne vous attendez pas à un coût supplémentaire : il n’y en a pas, là où vous aurez plus de difficulté en revanche, c’est pour trouver une salle qui le diffuse sous ce format (dirigez-vous pour cela vers les salles Gaumont pour l’instant). Vous êtes maintenant prêts à acheter votre ticket. Deux possibilités alors : aller le voir en VF ou en VO. Si d’habitude je prône la VO, sachez que le fait de ne pas avoir à suivre les sous-titre semble aider à l’adaptation visuelle (après avoir arrêté de les lire il m’a fallu quelques instants pour m’adapter, alors que durant toute la première demi-heure où j’ai tenté de suivre les deux, j’ai eu bien plus de mal). Dans ces conditions, votre oeil, plus fixe, prend des repères avec beaucoup plus de facilités. Dans tous les cas, il vous faudra un petit temps d’adaptation, 15 à 20 minutes, maintenant ce temps reste à voir lors d’une seconde projection sous ce format.

Maintenant, dans les faits : que vaut concrètement le HFR, et surtout, à quoi sert-il ? Pour faire simple, on substitue les 24 images par seconde habituelles par le double, soit 48, plus d’images par secondes, c’est donc plus de fluidité. En somme, il s’agit d’une technologie servant dans un premier temps à rendre la 3D beaucoup plus claire, plus profonde et moins distancée par rapport au spectateur. Le décor prend vie et tout un univers s’ouvre face à nous. Avec Le Hobbit : Un Voyage Inattendu, on prend alors un malin plaisir à découvrir tout cet espace où les personnages évoluent, les différentes scènes dynamiques semblent plus intenses, plus « concrètes ».

En revanche cette technologie est un pas de plus que les amateurs de bobines ne supporteront pas. A l’instar de la 3D, le HFR met à mal certains héritages du cinéma, notamment le flou de mouvement. Cet aspect, entre autres, définissant pour certains tout un aspect de l’art cinématographique - pourtant impropre à notre vision du monde réel -, disparait presque totalement, sauf exception avec les longs travellings aériens encore trop rapides.

Sur le plan technique, il s’agit aussi d’une technologie qui reste à être améliorée, mais qui proposera sans aucun doute de très belles perspectives. L’un des éléments méritant notre attention étant évidemment la technique de tournage en elle même. Car paradoxalement, même si ce qui nous est raconté est fait sur la même durée, cette impression étrange que l’on a au départ, qui est celle d’une légère accélération, se ressent sur le montage et différents mouvements de caméra propres au 24fps. C’est donc toute une nouvelle approche qu’il faut peut être tenir, mouvements de caméra plus lents, montage beaucoup plus contemplatif, tant d’approches qui seront encore surement remises en question dans les années à venir. Le jeu de l’acteur lui ne souffre pas de ces problèmes, car il s’avère au final plus naturel, plus « réaliste », mais seulement après le temps d’adaptation.

Faut-il aller voir Le Hobbit : Un Voyage Inattendu en HFR? Oui, même si il est en encore à un stade expérimental, la générosité de Peter Jackson nous invite à regarder tout ce qui se passe autour des personnage. En revanche, si vous n’arrivez pas à vous adapter immédiatement vous risquer de louper de très belles scènes ouvrant le film, notamment toute la partie consacrée à Erebor, qui m’a parue bien plus impressionnante sans le HFR. Pour les puristes de la VO pas forcément bilingue, faut-il aller le voir en HFR la première fois? Pas sûr. Mais il ne faut pas oublier que le film en soit reste assez excellent pour vous inciter à retourner le voir sous ses deux formats distincts.


Les aventures de Bilbon Sacquet, entraîné dans une quête héroïque pour reprendre le Royaume perdu des nains d’Erebor, conquis longtemps auparavant par le dragon Smaug. Abordé à l’improviste par le magicien Gandalf le Gris, Bilbon se retrouve à intégrer une compagnie de 13 nains menée par Thorin Ecu-de-Chêne, guerrier légendaire. Ce voyage les emmènera au Pays sauvage, à travers des territoires dangereux grouillant de gobelins et d’orques, de wargs assassins et d’énormes araignées, de changeurs de peau et de sorciers.


Peter Jackson nous emmène sans aucune difficulté à travers les Terres du Milieu. Dans son approche de celles-ci il ne renouvelle rien, ainsi les gens qui n’ont pas sû apprécier la première trilogie auront surement autant de mal avec celle-ci malgré son démarrage en force. Entre épopée épique et aventure légère, Le Hobbit : un Voyage Inattendu parlera surement à tous.

Titre Français : Le Hobbit : un voyage inattendu
Titre Original : The Hobbit : An Unexpected Journey
Réalisation : Peter Jackson
Acteurs Principaux : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage
Durée du film : 2h 45min
Scénario : Peter Jackson, Philippa Boyens, Frances Walsh & Guillermo Del Toro
Musique : Howard Shore
Photographie : Andrew Lesnie
Date de Sortie Française : 12 décembre 2012


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2

Latest Images

Trending Articles





Latest Images